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Biographies

Biographie d’Alcide Lachance

Alcide Lachance est un botaniste et explorateur Québécois peu connu du milieu du XIXe siècle. La re-découverte récente de ses travaux nous montre l’étendue de ses connaissances sur des disciplines pourtant balbutiantes ou inexistantes à cette époque, comme l’étude des dynamiques évolutives, l’étude des écosystèmes, la phytocommunication ou encore la communication interespèces. Son premier projet scientifique avait pour but d’aider les plantes, principalement les arbres, à se défendre face à une menace nouvelle dans leur environnement immédiat : l’Homme. Pour ce faire, il quitte Québec grâce à l’argent de ses parents qui ont fait fortune dans l’exploitation des ressources forestières. Arrivé à Nantes, son projet évolue vers le concept de Jardin Idéal, dans lequel plantes et humains vivent en symbiose. Il est à l’origine de plusieurs espèces botaniques rares obtenues par un grand nombre d’hybridation et capables de survivre seules en ville (sur les toits, dans les caniveaux, le long des murs, etc.) La caractéristique particulière de ces espèces est d’inclure l’homme et l’environnement urbain dans son cycle biologique.

 

Né dans une grande famille de producteurs de bois, industrie en pleine expansion au Québec au début du XIXe siècle, Alcide Lachance se sent très vite en rupture avec sa famille. Passionné par les petites plantes de sous-bois dès son plus jeune âge, il gêne souvent l’exploitation.

En se promenant à plat ventre pour observer les petites herbes, il est difficilement repérable par les bûcherons qui le sauveront plusieurs fois de justesse. Il est donc sommé d’exercer sa passion pour la botanique dans les marais, dépourvus d’arbres, mais nombreux le long du Saint-Laurent. Il y passe un temps infini, tous les étés en compagnie de nombreux insectes, et prend de plus en plus de distance avec une famille qui ne le comprend pas. Son empathie avec le monde végétal le pousse à juger très durement sa famille qui exploite les forêts si violemment. C’est pour lui un massacre insupportable. À ce titre il s’intéresse de très près aux plantes carnivores, nombreuses dans la région, qu’il considère les plus capables de se défendre contre la folie destructrice des hommes. Vers l’âge de 18 ans, il construit sa première cabane/laboratoire, sur pilotis au-dessus des marais, et commence à sélectionner, hybrider, greffer un grand nombre de plantes québécoises. Très vite, il se rend compte que le nombre de plantes présentes dans sa région ne lui permettra pas de créer une plante capable de se défendre contre les hommes. Il est de plus en plus isolé, loin des élites scientifiques européennes qu’il admire. Il décide donc de partir vers l’Europe, et plus précisément la France, car l’Empire colonial français est alors en pleine expansion et fait venir des quatre coins du monde des plantes superbes. Lors d’une dispute avec ses parents, il parle de son désir de visiter le vieux continent. Trop contents de se débarrasser de ce fils qui les embarrasse, ils décident de financer son voyage.

Alcide se dirige vers Nantes, ayant entendu dire qu’un nouveau muséum venait d’ouvrir et qu’un certain Antoine Noisette, alors directeur du Jardin des plantes, vendait à tour de bras des espèces rares et exotiques qu’il multipliait au sein même du jardin.

Il part donc pour la France sur le Demeter, emportant avec lui de nombreuses plantes qu’il a lui-même produites.

Durant le voyage, il tente de garder sa collection de plantes en vie.

Il arrive enfin quai de la Fosse. Très enthousiaste, le jeune homme, jusqu’ici solitaire dans la campagne québecoise, y voit un paradis. Il se rapproche très vite de nombreux marins qu’il croise dans les bars près des quais et en profite pour se renseigner sur les plantes toxiques et carnivores qu’ils connaissent.

Après plusieurs mois, il contacte la sphère scientifique nantaise qui l’accueille avec bienveillance. Il achète des plantes et reprend avec avidité ses recherches. Reprenant foi en l’humanité et porté par l’idée optimiste du progrès, son projet change. Il entreprend non pas de créer une plante capable de se défendre contre les hommes, mais plutôt une plante permettant d’apporter tous les bienfaits aux hommes, mais sans que ceux-ci n’aient besoin de la tuer. Cette plante doit pouvoir survivre à tous les milieux, mais aussi survivre au prélèvement régulier de ses branches, graines, racines, feuilles, fleurs, fruits, etc.

Il envoie à la communauté scientifique nantaise une longue lettre présentant Le Jardin Idéal, une sorte d’« anti-jardin » où toutes les espèces cohabiteraient à l’état sauvage. Un projet d’écosystème urbain sur toute l’île de Nantes, où les humains et les animaux survivraient grâce à des plantes de sa création. De nombreux milieux sont présents sur l’île de Nantes. Alcide élabore pour chacun (toits, appartements, lampadaires, poubelles, égouts) des plantes hybrides, avec comme objectif de faire vivre tous ces écosystèmes en symbiose. L’homme n’est pas en position dominante dans le projet d’Alcide, mais seulement l’une des espèces vivant en symbiose avec les autres. Voici un extrait de cette lettre :

« De même que certaines plantes donnent gîte et couvert à des fourmis qui les défendent, dans une alliance réciproquement profitable, l’Homme ne pourrait-il pas trouver sa place au sein des autres familles ? En les transformant par la sélection volontaire, ne pourrions-nous pas adapter la nature à nous et nous à elle, puis la laisser vivre pour lui laisser reprendre son histoire millénaire ? Libre ! En se plaçant au-dessus de la nature, les bûcherons, commerçants, industriels, et prétendus savants, ne font que peser sur la vie, ils ne font que l’écraser et, d’ici un siècle, l’incroyable variété des êtres aura presque disparu, creusant un trou dans lequel l’Humanité finira par s’enterrer elle-même. Folie ! Nous devons prendre soin avant tout du règne des plantes, car lorsque les plantes règnent, toute la vie prospère. »

 

Suite à l’envoi de cette lettre, il fait, lors d’un congrès, une présentation très solennelle pour demander l’aide de ses pairs. Pour les convaincre, il leur présente ses hybrides. Son travail est très mal reçu et il devient la risée du gratin du naturalisme nantais. Il est donc humilié par ces gens qu’il tenait pourtant en très grande estime. Il part en claquant la porte, après avoir récupéré à la va-vite ses spécimens, dans son sac et plein les poches.

En sortant de ce congrès, très déprimé, il part se saouler dans les bars qui bordent le quai de la Fosse.

L’alcool aidant, il se remet à penser à sa plante tueuse. Et si son Jardin Idéal se composait principalement de cette plante, transformant l’île de Nantes en sanctuaire botanique très hostile à l’homme ?

C’est alors qu’il rencontre, tard dans la nuit, un marin qui lui parle d’une plante carnivore que l’on ne trouve pas sur le continent, mais sur une île française dont il parle les yeux brillants. Convaincu qu’il parle d’une île bretonne, Alcide offre ce qu’il lui reste d’argent pour s’y rendre. Ce marin, connu sous le non de Maturin Andavatulumbalamerna, l’entraine donc au petit matin vers cette île. En se réveillant deux jours plus tard, il se rend compte qu’il n’est pas en route pour une île bretonne, mais pour Madagascar !

Après quelques jours de déprime, reclus dans un coin de la cale, il commence à discuter de cette île mystérieuse avec les marins. Il comprend qu’il n’est pas sur ce bateau par hasard… Les plantes décrites par l’équipage le fascinent ! Un soir à table avec le capitaine, on lui parle même de l’arbre mangeur d’homme de Madagascar… Ses yeux s’illuminent, comme touché par la grâce.

Il profite de la traversée pour poursuivre ses expériences sur les hybrides qu’il avait dans son sac et dans ses poches.

L’étoile de Madagascar débarque sur l’île rouge après six mois de mer, dans la baie d’Antongil, au nord-est de l’île. Le botaniste court à terre sans attendre que la chaloupe ne l’y emmène, continue sa course sans freiner en répétant : « c’est tout à fait intéressant » ! Il fonce directement dans la forêt primaire, et plus personne de l’équipage ne le revit. Encore aujourd’hui, nul ne peut dire ce qu’il lui est arrivé.

Mais il réapparaît six ans plus tard à Nantes, dans un état mental douteux, paranoïaque et l’air sombre, parlant seul du système digestif de son « lémurien » et répétant : « ils vont comprendre, ils vont comprendre… »

En effet, à Madagascar, c’est par hasard qu’il se rendit compte des facultés extraordinaires de ses créations : un Aye Aye, sorte de lémurien, mangea sous ses yeux une feuille d’un de ses hybrides. Celui-ci, en réaction de défense, généra une sorte de champignon aux filaments étranges. Alcide toucha le champignon sans prendre de précautions.

Quelques heures plus tard, il bourgeonnait littéralement.

Des plantes lui sortaient de la peau ça et là, mais mourraient rapidement, comme si elles n’étaient pas viables.

Il comprend alors que le cycle « naturel » de cette plante est assez complexe.

Tout d’abord, elle germe dans les marais de l’estuaire du Saint-Laurent puis croît et bourgeonne dans l’estuaire de la Loire. Quelques feuilles de cette plante doivent ensuite être mangées par un lémurien. La salive déclenche un nouveau programme génétique chez la plante qui, à son retour dans l’estuaire de la Loire, au début de l’été, colonise un hôte humain et se met à produire des spores ensuite expulsées en un éternuement. Pour finir, portées par le vent, les spores montent dans la haute atmosphère et retournent au Québec pour reprendre le cycle.

Il doit donc retourner à Nantes pour terminer sa « croissance ».

Son projet de Jardin Idéal avait encore évolué !

Son objectif était alors également de créer une plante parasite capable de prendre possession temporairement de son hôte pour mener à bien son cycle biologique.

Alcide en était arrivé à l’idée que les humains devaient, comme lui, éprouver plus d’empathie pour les plantes.

Permettre aux hommes « de connaître l’infinie béatitude du bourgeon qui éclot et ressentir la puissance de l’espoir des spores qui s’envolent vers l’aventure. »

De jour en jour, ses idées s’embrumaient et sa raison vacillait.

Arrivé à Nantes, Alcide Lachance bourgeonna complètement, caché dans une serre du Grand Blottereau. Il commenca à attirer l’attention autour de ses travaux et de sa santé. Il décida alors de cacher sa recette dans un pot.

Quelques jours plus tard, la plante avait atteint sa pleine croissance, empêchant bientôt presque totalement Alcide de bouger.

Le botaniste se mit alors à douter de son expérience, sentant qu’il pourrait être absorbé par la plante.

Paniqué, il barricada l’entrée de son laboratoire et enregistra un dernier message sonore grâce à un appareil de son invention. Ce dernier se composant d’un pavillon relié à un diaphragme qui recueille les vibrations acoustiques transmises à un stylet qui les grave sur une feuille de papier enduite de noir de fumée, enroulée autour d’un cylindre tournant.

Alors qu’il termine son message, alertant sur les dangers possibles de ses expérimentations, il éclot et vaporise des spores dans tout son laboratoire qui, éclairé à la lampe à huile, enflamme les spores. Son laboratoire s’embrasa entièrement et le cycle de la plante ne pût continuer.

Alcide se volatilisa définitivement dans l’incendie de sa serre laboratoire. Mais dans les décombres, personne ne trouva son corps. Ses herbiers furent classés au muséum, son nom oublié et sa malle, contenant tous ses écrits et effets personnels, fut rangée quelque part, sans que personne ne l’ait ouverte.

Des histoires qu’on raconte dans les bars du quai de la Fosse disent qu’il survécut et qu’il reprit le bateau avec une pincée de spores intactes, pour les apporter lui-même au Québec.

À ce point de l’histoire, même les rumeurs s’arrêtent pour laisser place au mystère…